Du 20 au 28 mars, c’est la fête de l’Internet. Le temps de se poser la question de la relation des enfants à cette gigantesque toile mondiale où l’on peut trouver le meilleur, comme le pire…
Témoignages de parents qui nous expliquent comment naviguer avec ses enfants sur Internet.
Internet permet aux enfants de développer leur esprit critique
« La véracité ou non des informations que les enfants cherchent puis trouvent sur Internet relève de leur esprit critique. Celui-ci se développe avec l’utilisation d’un outil aussi vaste qu’Internet. Avec lui, l’enfant tâte, observe, se trompe, revient sur ses pas, il a le droit à l’erreur, ce qui en fait une véritable machine d’Internet. Les enfants apprennent tout en autodidacte, et ils n’ont pas fini de nous étonner.
Les générations à venir seront impressionnantes, d’autant qu’on ne sait pas jusqu’où se développera Internet (nous n’en sommes qu’aux débuts!). Il est impératif qu’il y ait un contrôle parental derrière l’utilisation des enfants et des ados. Internet est riche, trop riche et bien sûr perverti par de mauvais usages. »
Comment les initier à Internet ?
Mais ils ont parfois du mal à se représenter ce qu’est Internet. Ils n’ont pas forcément conscience du côté ‘réseau’ : ils font une recherche sur un ordinateur, ça ne marche pas comme ils veulent, alors ils changent d’ordinateur ! Ils se représentent le Web comme un autre monde, complètement virtuel.
Comment vous y prenez-vous ?
Je leur enseigne à bien décrypter les sites – qui est derrière ? Une institution officielle ? Un particulier ? – et à multiplier leurs sources. Quand ils font une recherche, les élèves ont tendance à prendre le premier lien venu et de s’en contenter. Il faut leur démontrer qu’Internet peut être truffé d’erreurs et de parti-pris. On peut par exemple faire deux équipes : une sur Internet, l’autre avec des dictionnaires. Et ils verront que le Web n’est pas forcément la panacée… Par exemple, la fiche Wikipedia sur « Delphes » est très bien faite, mais elle court sur plusieurs pages ! Avec ça, un élève de 6e est complètement perdu.
On les incite également à diversifier leurs moteurs de recherche (Google, Exalead). Il existe des bases des données proposant des listes de sites évalués de manière pédagogique qui nous permettent aussi de mieux les orienter.
Vous mettez également en garde les plus jeunes contre le côté « Big Brother » d’Internet…
Ils n’ont pas conscience des traces qu’ils laissent. Or, pour leur avenir, se retrouver associé à tel ou tel blog, ça peut être gênant. Moi je leur raconte que quand on tape mon nom, on le retrouve sur un forum de cuisine où je demandais une recette de tarte… Rien de grave, mais c’était il y a 10 ans ! Je leur conseille de donner le moins de renseignements possible sur eux et d’éviter d’indiquer leur mail à tout bout de champ.
De la même manière, ils ne savent pas que, quand ils mettent sur leur blog les photos de leur copain ou de leur copine sans leur autorisation (où celle de leurs parents s’ils sont mineurs), ils peuvent être poursuivis pour atteinte au droit à l’image. Il est important de leur ouvrir les yeux sur tout cela.
Vigilance et dialogue pour une navigation internet en toute sécurité.
A partir de combien d’heures passées devant l’écran les parents doivent-ils prendre des mesures ?
La question du temps n’est pas la bonne en réalité. Il vaut mieux se demander s’il y a rupture ou non du lien social. Tant que l’enfant communique bien avec son entourage et qu’il poursuit ses activités sportives, qu’il passe 5 ou 10 heures par jour devant l’écran de son ordinateur importe peu.
Les logiciels de contrôle parental sont-ils efficaces ? Jusqu’à quel point ?
Pendant longtemps, les parents ont pensé que ces logiciels manquaient d’efficacité. La défiance a aujourd’hui moins lieu d’être car, depuis quelques années, le niveau de ces produits s’est accru.
L’important réside dans le paramétrage : pour les plus jeunes, disons jusqu’à la pré-adolescence, mieux vaut privilégier le système de liste blanche qui permet une navigation limitée aux sites vérifiés. Plus tard, les ados peuvent bénéficier du système de liste noire, ce qui signifie qu’ils ont la possibilité de naviguer librement, à l’exception des sites considérés comme préjudiciables.
Quels sont les sujets à aborder lors des premières connexions ?
En installant un logiciel de contrôle et en paramétrant correctement le système de liste blanche, le petit enfant surfe en sécurité. La vigilance tient au fait de veiller à ce que l’enfant ne délaisse pas ses autres activités, sociales notamment. Car les habitudes se prennent à ce moment-là, pendant la phase de découverte.
Pour les plus grands, dès qu’ils possèdent une adresse mail qui leur est propre, le grand conseil à délivrer reste de ne jamais donner ses coordonnées personnelles (nom, prénom, numéro de téléphone).
Concernant les contenus choquants, la meilleure façon de réagir réside dans le dialogue. L’objectif est d’éviter que le jeune se sente coupable d’être tombé sur une image ou un site violents. Rien n’est pire qu’un adulte qui dirait « J’ai vu que tu es allé sur un site porno alors je t’interdis désormais l’usage d’Internet ».
Autour de quel âge l’enfant peut-il être attiré par les chats ou forums ?
A l’adolescence. Il faut alors dire aux enfants de discuter uniquement avec des gens qu’ils connaissent, des personnes de leur classe ou du cours de judo par exemple. Certains logiciels de contrôle parental bloquent l’accès aux chats, il suffit de les rajouter dans la liste noire.