Traditionnellement, sous les chants encourageants des convives, l’heureux élu du jour souffle les bougies de son gâteau d’anniversaire. A ce rite, l’on attache une superstition, à savoir que s’il réussit à les souffler, les éteindre en une seule fois, cela lui portera bonheur pour l’année à venir. Généralement, à cette occasion la personne émet un vœu, qu’elle doit conserver secret si elle veut qu’il se réalise.
Aux origines des rituels de l’anniversaire
Cette coutume viendrait des pharaons, des Perses, des Romains et des Grecs. Justin Favrod et Jean-Daniel Morerod (**) qualifient l’anniversaire de naissance de rite antique païen. L’Ancien Testament nous apprend que Pharaon, le roi d’Egypte, fêtait son jour de naissance. Les pharaons auraient été les premiers à célébrer des anniversaires, mais plutôt qu’une fête annuelle, ils célébraient la date de naissance du pharaon en tant que premier jour de règne. Grâce à Hérodote, le célèbre historien de l’antiquité grecque, on apprend que les Perses fêtaient à chacun l’anniversaire de son jour de naissance par un banquet. Dans la Chine antique, on fêtait également l’anniversaire du jour de naissance. Le point commun de ces deux peuples était la connaissance de l’astrologie. Les Romains, sans pour autant avoir la connaissance de l’astrologie, fêtaient leur anniversaire. Pour ce peuple, chaque homme ou chaque femme naissait avec un bon ou un mauvais génie. C’est ainsi qu’ils fêtaient tant l’anniversaire de leurs dieux que celui de leur bon génie. A cette occasion, un sacrifice était célébré. Pour cet évènement, ils invitaient leurs amis, qui apportaient des cadeaux de bon augure tant pour l’homme, la femme que le bon génie. Cette fête romaine était d’appartenance religieuse.
Les Grecs, quant à eux, fêtaient chaque mois le jour anniversaire de leurs divinités. Ce serait pour l’anniversaire d’Artémis, la déesse de la lune, qu’un gâteau d’anniversaire décoré de bougies allumées était préparé. Ce dessert illuminé symbolisait alors la lumière et le reflet terrestre de la déesse. Ce fut cette origine païenne qui fit que les traditions liées aux anniversaires furent rejetées par les premiers chrétiens. Ce rituel du gâteau d’anniversaire aux bougies revint en Allemagne au XIIIe, pour les « kinderfeste », considérés comme les premiers goûters d’anniversaire.
L’anniversaire de naissance est fêté en France depuis le XVIIIe siècle, soit un siècle plus tard que les pays protestants qui les fêtaient depuis le XVIIe siècle. D’après A. Montandon (*), cette fête marque « la reconnaissance du moi et la valorisation de l’individualité ». En effet, auparavant, on fêtait le jour du saint dont on portait le nom. L’on doit à l’influence anglaise le fait de distinguer la fête de son jour de naissance et celle de son saint.
Le gâteau d’anniversaire était souvent glacé au sucre. Il était décoré d’une belle écriture, où l’on pouvait lire « bonne fête », « joyeux anniversaire ». Selon les traités de savoir-vivre du début du XXe siècle, ce gâteau typique d’anniversaire nous vient d’Angleterre. C’est pour cette raison que l’on chante encore de nos jours « happy birthday », même si certains ont une préférence pour sa version française « joyeux anniversaire ».
Il fallut attendre le XIXe siècle pour que la fête d’anniversaire du jour de naissance gagne l’Occident entier.
Une superstition, des croyances à l’origine des bougies sur le gâteau d’anniversaire
L’écrivain Sybil Grafin Shonfeldt, dans son ouvrage Das guten Tons (1987), relate une coutume consistant à allumer des bougies, à former un cercle d’amitié indestructible autour de la personne fêtant son anniversaire. Ce rituel symbolisait l’anniversaire comme un anneau magique. Ce cercle magique avait pour objectif de protéger, d’éloigner les démons du fêté. En effet, on pensait autrefois que l’homme entre deux années était vulnérable et livré aux démons.
Les règles du savoir-vivre associés aux anniversaires
Les enfants à l’approche de leur anniversaire sont excités et ne cessent d’en parler. C’est un évènement joyeux à venir qu’il convient d’organiser et de fêter. Pour l’anniversaire d’un enfant, on invite généralement la famille, les grands-parents, les oncles et les tantes proches, les cousins, le parrain et la marraine. Lorsque l’on organise une fête d’anniversaire avec des amis de l’enfant, elle a lieu en principe un autre jour. Dans ce cas, les parents de l’enfant préparent (parfois avec l’enfant) de jolis cartons d’invitation et les envoient entre quinze jours et un mois à l’avance aux petits invités. Sur l’invitation, l’heure de début et de fin sera précisée afin que les parents viennent chercher leurs enfants. Afin de faciliter la logistique liée à la fête, on pensera à demander aux parents de confirmer la participation de leurs enfants, une semaine à l’avance.
Pour les anniversaires des proches (conjoint, parents, amis), on veillera à prévoir un repas, une soirée, un cadeau ou ne serait-ce qu’un simple appel téléphonique pour marquer ce jour spécial. Pour une personne âgée, la prévenance veut que l’on ne mette qu’une bougie par dizaines d’années.
La date d’anniversaire est une occasion annuelle de conserver des liens sociaux, par une attention, une pensée que l’on a à l’égard d’une autre personne. Cette tradition de fêter les anniversaires a depuis longtemps un caractère d’obligation sociale, reprise dans les traités de savoir-vivre dès le XIXe siècle.
C’est ainsi que le gâteau d’anniversaire a vu le jour, qu’il s’est inscrit dans nos coutumes traditionnelles.
Sources:
(*) Alain Montandon, L’anniversaire, Université de Clermont-Ferrand II. Centre de recherches sur les littératures modernes et contemporaines