Communément appelé washi, le papier japonais est obtenu à partir de fibres végétales. Il est célèbre dans le monde entier pour sa beauté, sa flexibilité et son étonnante résistance, et a toujours joué un rôle important dans la culture japonaise. Depuis les panneaux qui structurent les maisons jusqu’aux peintures et gravures traditionnelles, des ornements religieux à l’origami (art du pliage), le papier est partout présent au Japon.
Un art très ancien
Le mizuhiki, l’un des nombreux modes d’utilisation du papier dans l’archipel, est une technique ancienne consistant à nouer ensemble de fines ficelles de papier. On retrouve des traces de cet art aussi loin que le VIIe siècle. L’histoire évoque en effet un présent apporté au Japon par un envoyé chinois, et entouré de cordes de chanvre rouges et blanches sensées assurer un voyage sans incident. L’idée fut rapidement adoptée par la cour impériale japonaise et le mizuhiki devint au fil des siècles une technique sophistiquée, dont l’usage allait se répandre dans la société, pour de multiples usages, notamment la création d’ornements. D’autres techniques proches se sont également développées, comme le motoyui, dont les matériaux ressemblent à ceux utilisés dans le mizuhiki mais sont plus résistants encore. Utilisées par les bushi (guerriers) pour nouer leurs cheveux sur le haut de la tête, les ficelles du motoyui sont également encore employées dans les fabriques de perruques pour le théâtre traditionnel populaire kabuki ou pour attacher les cheveux des lutteurs de sumô. Les mariées japonaises ajoutent aussi des ornements en motoyui à leurs élégantes coiffures.
Des motifs variés et dotés d’une signification symbolique
Environ soixante dix pour cent des fils de mizuhiki proviennent d’Iida, dans la zone montagneuse de Nagano, au nord de Honshû. Le washi est coupé en longues bandes et torsadé pour produire une ficelle solide, ensuite enveloppée d’une pâte et enfin séchée et teinte. De fines bandes de soie ou de plastique peuvent entourer le cœur de papier, ajoutant de la texture et de la couleur aux cordes. Il existe ainsi désormais de nombreuses teintes de mizuhiki, rendant les nouages encore plus spectaculaires et faisant de ces cordes de papier un outil créatif très apprécié.
Les compositions en mizuhiki consistent parfois en un simple noeud coloré, comme un ruban ou un arc, mais les décorations sont souvent très élaborées, dessinant diverses formes symboliques. Le nombre de fils varie, la technique étant d’autant plus difficile que leur quantité est importante. Le nœud trilobé dit awaji-musubi est un basique, à partir duquel peuvent être obtenus des motifs complexes. Difficile à dénouer, l’awaji-musubi est souvent utilisé pour exprimer des voeux de bonheur durable. Le mizuhiki orne les nombreuses enveloppes dans lesquelles les Japonais envoient leurs voeux, félicitations ou cadeaux en argent pour les étapes importantes de la vie. Selon l’occasion, les nœuds prendront la forme d’animaux, de végétaux… La grue et la tortue sont très populaires, car elles évoquent la longévité. L’association de fils blancs et rouges, ou du doré et de l’argenté, sont favorisées pour les événements heureux tels que les mariages, tandis que le noir et blanc est réservé pour les moments plus sombres, comme les funérailles. Il est donc très important de choisir la bonne couleur et la bonne forme de mizuhiki en sélectionnant une enveloppe.
Un outil apprécié des artisans et artistes
Depuis quelque temps, des artisans créatifs, ou même parfois des artistes, portent un nouvel intérêt au mizuhiki, intégrant de superbes nœuds de papier dans leurs travaux, ou créant de la bijouterie originale à partir de ce matériau inattendu. De plus en plus d’étrangers étudient également l’art du mizuhiki, l’adaptant à leurs propres traditions. Mais, comme pour l’origami, maîtriser parfaitement le mizuhiki demande beaucoup de précision, et semble donc plutôt recommandé aux plus calmes et patients des passionnés d’activités manuelles !